lundi 19 mars 2018

Amedyaz (La mort du poète) - Idir

Amedyaz (La mort du poète) - Idir

Amedyaz (La mort du poète) - Idir

Allen iw ger itran
tnadint igenwan
wissen anda tellîd
tiziri yêdwan
tesard iszekwan
wis ma’gh d ttwali
negwrad d imeghban
mi gh ikelx zzman
ggudjlen ussan
inghaten usemîd
anwi id as innan
lefraq isâdan
la ittru umkan nni
id deg i tettghimîd

anda ik rran
anda ik djdjan
wissen anwa i d itri
i deg i tettilîd
nesawel i yal amkan
ur neszri anida tensîd

Tawrirt n Mimun
anda fellak run
dinna id tettnerni
sennig lkanun
lefnar yettargun

i tmendârt sligh

ayyen igh d ‘hekkun
imgharen isefrun
d agwni ittwattun
dinna it en turîd
ad fellak cfun
ulamek ar k ttun
ulamek ar k m’hun
ghas ulac ik tellîd

tura d imeghban
imi gh ikelx zzman
ggudjlen ussan
inghaten usemîd
anwa id as innan
lefraq isâdan
la ittru umkan nni
i deg i tettghimîd

anda k rran anda ik djan
wissen anwa i d itri
i deg i tettilîd
nsawel i yal amkan
ur neszri anida tensîd
© Idir

mercredi 9 octobre 2013

Je reconnais que mon imagination n'est pas si débordante que ça, mais ... 
En voici en tout cas le fruit.


mardi 7 mai 2013

Val de Grâce pour certains et coups de grâce pour d'autres.


En semble avoir détecter la source du problème, quant à la solution, on peut toujours la chercher ...



En Algérie, il y a les pauvres et il y a ... les plus pauvres.

mercredi 13 mars 2013

Des télés algériennes de droit étranger… parfois bien étranges






Des télés algériennes de droit étranger… parfois bien étranges

Le projet de la télévision du quotidien national arabophone El Khabar avance bien. Ce sera, comme celles qui l’ont précédée, une télévision algérienne juridiquement « étrangère ». Ici, un état des lieux du paysage audiovisuel algérien étranger. Parfois bien étrange


Le journal a formé une partie de son personnel sur les techniques audiovisuelles et envoyé des équipes réaliser des reportages sur le terrain en vue de préparer une grille des programmes pour les prochains mois. Le groupe Haddad a, pour sa part, recruté des dizaines de journalistes et de techniciens pour lancer sur satellite la chaîne Dzair TV, déjà présente sur le net depuis au moins deux ans. Des caméras, des consoles de montage et du matériel numérique de plateaux ont été acquis récemment par l’homme d’affaire Ali Haddad en vue de lancer la nouvelle chaîne qui pourrait s’appeler « Canal Med ». Le correspondant à Alger de la chaîne arabophone France24, Kamel Zaït dirige l’équipe qui s’occupe des reportages. La présentation des journaux en français sera confiée à Khaled Drareni, ex-journaliste à la chaîne III de la radio d’Etat. La nouvelle chaîne devra être mise sur satellite (probablement  Nile Sat) avant le début de l’été. Son site web, Dzair Web est orientée surtout vers le football (les autres sports sont inexistants), un peu de culture et quelques rares reportages sur les problèmes sociaux. L’actualité politique n’est pas traitée par Dzair Tv qui revendique le slogan, « Vivez la télé autrement ». La nouvelle chaîne d’Ali Haddad aura probablement la même tendance qu’El Djazairia que dirigent Karim Kerdache et Riad Rechdal. Autrement dit, une chaîne de divertissement basée sur le football, les talk show grand public, les sketches et les émissions de jeu, sorte de mélange de la marocaine 2M, de la tunisienne Nessma et de la française M6. L’ex-directeur de rédaction d’El Khabar, Ali Djerri dirige le service information d’El Djazaïria depuis trois mois. Ali Djerri, qui est également actionnaire d’El Khabar groupe, a dirigé pour une courte période la rédaction d’Ennahar TV.

Opacités

A El Djazaïria, il tente de donner « une personnalité » au journal télévisé et créer des émissions de débats. Mais, il est difficile de parler de nouvelle « orientation » à El Djazairia, une chaîne en butte déjà à des difficultés financières. Idem pour Numedia news TV. Cette chaîne, qui se veut d’information continue, est dirigée par des journalistes peu connus de la scène médiatique nationale, à l’image de Samer Riad (directeur général), Ghrissi Aloui Hamdi (président du Conseil d’administration), Cherif Talha Gharbi (directeur adjoint de la rédaction), Oussama Abdelnour(directeur de production et des programmes), Akram Souleiman (directeur de l’information). Numedia News, qui a choisi le sigle de NN, fait appel  à des correspondants en Europe et au Moyen Orient. Elle verse parfois dans le sensationnel. A l’image de ce « reportage » réalisé au Nord Mali évoquant « la croisade » menée par les soldats français contre l’islam ou d’un autre considérant l’arrivée des voitures chinoises Cherry en Algérie comme « une normalisation » déguisée avec Israël. NN diffuse également sur le satellite égyptien Nile Sat. Créée en avril 2012, Hogar TV, autre chaîne algérienne, émet à partir de Londres sur Nile Sat. Hogar TV (pour des raisons inexpliquées, elle se décline officiellement avec un seul « g » !) entend devenir une chaîne algérienne généraliste. Elle diffuse des feuilletons turcs, iraniens et égyptiens.  Il existe peu d’informations sur les financements de cette chaîne. A part les fréquences d’émission satellite et la date de création, il n’y a pas presque rien sur Hogar TV sur la page Facebook. Le site officiel de la chaîne sur la toile, Hogartv.com ne fonctionne pas. Selon le site d’information DNA, Hogar TV est la propriété de l’homme d’affaire Hassan Bouamaraf (propriétaire d’une entreprise de jus) et de Mohamed Mouloudi (directeur de la maison d’édition Dar El Waii). Mis à part cela, l’opacité entoure les conditions de création de cette chaîne. Il en est de même pour Index TV qui a commencé à émettre ces derniers mois sur Nile Sat. Elle serait propriété d’un entrepreneur de Constantine. Créée en janvier 2013, la page Facebook de Index TV ne communique aucune information sur cette chaîne, ses fondateurs, ses programmes ou ses moyens de financement.

Des chaines juridiquement «étrangères »


Echourouk TV et Ennahar TV, les deux chaînes les mieux installées dans le paysage audiovisuel algérien pour l’instant,  puisent dans les recettes publicitaires des journaux sur lesquels elles s’appuient. Elles génèrent elles-mêmes de la publicité (dominées par l’automobile et la téléphonie mobile). Ces chaînes sont considérées comme des entreprises étrangères puisque la loi sur l’audiovisuel n’a toujours pas été élaborée par le gouvernement. Cela complique la gestion sur le plan financier, administratif et même technique (tous les sujets sont enregistrés, puis envoyés par internet avant d’être mis sur satellite en Jordanie et au Bahraïn). Sur le terrain, les caméras de ces chaînes sont admises partout y compris dans les endroits les plus sensibles. «S'il n'y avait pas de volonté d'ouverture, il n'y aurait pas eu ces chaînes-là. Maintenant, il faut un peu réguler, organiser ce secteur pour éviter des ouvertures anarchiques», a soutenu, en décembre dernier, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd. Le gouvernement avait promis que la loi sur l’audiovisuel sera prête pour la session de printemps du Parlement ouverte début mars. Il n’y a rien pour l’instant. Les professionnels craignent que le gouvernement imposent le caractère thématique aux nouvelles chaînes qui ne seront agrées qu’après installation de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel. Autrement dit, pas avant deux ou trois ans.


ÉCRIT PAR KAMEL HAMZI    MARDI, 12 MARS 2013 03:07   http://www.maghrebemergent.com/entreprises/60-algerie/22051-des-teles-algeriennes-de-droit-etranger-parfois-bien-etranges.html

Des initiatives en TIC pour soutenir la langue et l’identité amazighes







Changement de statut aidant la langue et la culture amazighe tentent de ces dernières années de passer de l’oralité à l’écriture. Avec l’émergence des nouvelles technologies, la langue amazighe s’est adaptée en accédant au réseau Internet grâce à des efforts de scientifiques. Mais aussi les efforts d’anonymes soucieux de préservation de l’identité et qui utilisent les nouvelles technologies pour assurer la survie de la langue.



Avant la fin du siècle, sur les 7000 langues mondiales actuelles, 90 % d’entre elles seront éteintes, selon l’UNESCO. Le Berbère ou Tamazight, langue plusieurs fois millénaire, qui a été transmise exclusivement par l’oralité, fera peut-être partie de ces langues vouées à la disparition si rien n’est fait. Et la disparition de la langue amazighe et par conséquent de la culture véhiculée par cette langue serait une perte pour l’ensemble de l’Afrique du nord. Toute langue est menacée d’extinction quand elle perd de ses fonctions de communication dans la vie sociale. A l’ère de l’introduction des Technologies de l’information et de la communication (TIC), tamazight peut tirer le meilleur de la révolution numérique. La  mondialisation "est autant une richesse qu’une menace pour l’amazighe, mais cette menace, si menace il y’a, reste vraie pour les autres langues aussi, exception faite pour la langue anglaise", explique Lahbib Zenkouar, Directeur du Centre des Etudes Informatiques, des Systèmes d'Information et de Communication (CEISIC) de l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) du Maroc. L’apport des TIC en général et de l’Internet en particulier est indéniable pour la pérennisation de la langue et de l’identité amazighes. "Ces technologies de communication peuvent tisser beaucoup de valeurs du fait qu’elles permettent de véhiculer et la langue dans ses niveaux et la culture très riche", soutient pour sa part Yacine Zidane, enseignant universitaire, journaliste et chercheur dans le patrimoine. Pour cet universitaire algérien, cela va non seulement préserver la langue et la culture mais aussi les promouvoir. Et l’expérience est là, bien qu’elle soit insuffisante.

Des acquis, mais beaucoup reste à faire

Au niveau institutionnel, l’IRCAM a beaucoup fait pour Tamazight. Ses scientifiques ont travaillé à la réalisation et à la mise en œuvre de plusieurs normes fondamentales des technologies de l’information et de la communication. Ces normes, et principalement celle du codage, permettront sa reconnaissance, son traitement et son exploitation par les outils informatiques. Les travaux de cette équipe de linguistes et d’informaticiens de l’IRCAM ont été derrière l’adoption du codage du tifinagh par l’Organisation internationale de normalisation (ISO). Cette reconnaissance de "ISO-Unicode" de l’alphabet amazigh, a inauguré l’entrée de la langue amazighe dans les nouvelles technologies. "L’écriture berbère accède ainsi à tous les outils offerts sous le réseau international Internet et en particulier à la publication assistée par ordinateur", explique Lahbib Zenkouar. Cela a permis au géant de Microsoft en 2012 d’introduire tamazight dans Windows 8. L’IRCAM dispose d’une plate-forme de e-learning "école amazighe" facile d’accès, contrairement au site du Haut-commissariat à l’amazighité en Algérie. Tamazight tente de survivre grâce à des initiatives privées. Des citoyens ont trouvé dans les nouvelles technologies un moyen de redonner vie à leur langue, culture et identité amazighes. La toile regorge surtout de portails d’informations couvrant l’actualité amazighe dans la langue française et amazighe. Des plateformes d’apprentissage de langue amazighe existent aussi par la seule volonté individuelle.

Florilèges d’initiatives privées

C’est le cas du site "Apprendre le Kabyle", lancé par un jeune de 33 ans, Mohamed Amari, vivant en France depuis l’âge de 14 ans et ayant vécu sa petite jeunesse en Kabylie, dans le petit village d’Ait Idir.  Créé en 2008, "avec beaucoup de nuits blanches à rédiger mes cours", ce site est rapidement très populaire. Il compte actuellement plus de 6,5 millions de visiteurs, soit plus de 1 million de visites par an. Plus de 5300 membres inscrits. Pour créer son site, financé par ses propres moyens, Mohamed a du faire une formation de webmaster et consolider ses connaissances linguistique en Tamazight. "Pour moi Internet est un outil formidable pour promouvoir et préserver notre culture. C’est une chance pour nous, berbères, d’avoir un outil aussi puissant et libre entre les mains. Je souhaite voir fleurir des centaines de sites comme le mien sur le web afin que le monde entier sache qu’on existe". Mustapha Ait-Oufkir, ingénieur en informatique, formé au Canada et disposant de 10 ans d’expérience en informatique et notamment dans le Telecom, originaire de la région d'Agadir (Maroc) a conçu une application gratuite en tifinagh développée sous Android et iPhone. "J'ai monté ASoftKorp dont le but au départ était de faire une application en Tifinagh pour notamment développer l'image et l'apprentissage sur les smartphones et tablettes", explique-t-il. Mustapha pense développer, avec son équipe, une application éducative pour les enfants avec des supports multimédias. Abdessamad Idrissi, un autre Marocain originaire de Kelaa M'gouna (Sud), qui réside à Berlin, militant du Mouvement culturel amazigh, a créé un dictionnaire participatif en Tamazight. "En août 2011, j'ai lancé le site "Amawal" pour le public en Open Source. Même si je ne suis pas spécialiste de la langue, j'ai fait beaucoup de recherches pour surpasser les problèmes liés au manque de standardisation. Après quelque temps les gens commencent à s'inscrire et ajouter des nouveaux mots", affirme-t-il. L’idée de concevoir ce site est venue, pour ce professionnel de l’audiovisuel, pour apprendre le berbère à sa femme allemande. Actuellement, le site compte plus de 3000 mots et 192 utilisateurs enregistrés et actifs.

ÉCRIT PAR YAZID FERHAT    MERCREDI, 13 MARS 2013 01:00   
http://www.maghrebemergent.com/high-tech/67-internet/22096-des-initiatives-en-tic-pour-soutenir-la-langue-et-lidentite-amazighes.html

Une question de justice


Une question de justice


Le président vénézuélien Hugo Chavez, mort mardi, a véritablement marqué son époque, comme en témoignent les réactions suscitées par sa disparition. On n’y décèle pas la moindre forme d’indifférence. Des gouvernements parlent d’une certaine manière d’héritage à préserver, tandis que d’autres n’hésitent pas à considérer que cette disparition est la fin d’une époque ou, plus simplement, la souhaiter. Que fait-on alors des opinions qui pourraient maintenir le projet, mais sans son auteur, le pays devant élire un successeur dans les prochaines semaines ? La réaction des Etats-Unis était attendue, puisque les relations entre les deux pays, sans être en crise, étaient quelque peu tumultueuses, même si le Venezuela n’a jamais cessé ses livraisons de pétrole aux USA.
C’est pourquoi le président Barack Obama considère que «le Venezuela entame un nouveau chapitre de son histoire» tout en souhaitant établir avec lui «des relations constructives». C’est la même approche développée par l’Allemagne qui souhaite «un nouveau départ» et que le Venezuela entame une nouvelle ère. Pourtant l’Europe, à travers ses institutions, développe un tout autre point de vue, considérant même que Hugo Chavez a laissé un héritage, «le développement social» qu’il avait mis en œuvre dans son pays.
C’est un hommage en règle qui lui est rendu. «Le Venezuela s’est distingué par son développement social et par sa contribution à l’intégration régionale de l’Amérique du Sud», ont noté les deux plus hauts responsables européens, qui ont émis le souhait de pouvoir «approfondir à l’avenir les relations» entre Caracas et l’UE.
Pas la moindre surprise à travers pratiquement l’ensemble du sous-continent sud-américain, longtemps marqué par les coups d’Etat, les dictatures et le sous-développement. Hugo Chavez avait réussi le sien, mais ses scores électoraux et sa réussite parlaient pour lui jusque dans la région, qui a véritablement vécu son printemps avec de nombreux leaders qui se sont montrés plus près de leurs peuples, provoquant d’ailleurs une espèce de révolution suscitant la peur de ceux qui refusaient que l’ordre, qu’ils avaient eux-mêmes mis en place, soit remis en cause. La présidente du Brésil n’a alors pas manqué de dire de lui qu’il était «un grand Sud-Américain qui a lutté pour un monde plus juste» et dont la perte est «irréparable», comme la qualifie aussi le président équatorien. Pour ces derniers ainsi que pour le chef de l’Etat russe, Chavez était tout sauf un personnage du passé, bien au contraire, c’était quelqu’un qui regardait vers l’avenir.
Comme de son vivant, Chavez ne laisse pas indifférent. Bien entendu, cette fois les réactions sont plus mesurées, mais les unes et les autres sont l’expression d’un débat, sinon d’une rude compétition au niveau international, rappelant ce débat vieux en vérité de plus d’un demi-siècle et qui consistait à s’opposer à toutes les formes de domination. Comme cet appel lancé depuis Alger, en 1973, en faveur d’un ordre mondial plus juste. Certains concepts ont peut-être disparu, mais le besoin de justice est plus profond que jamais. Une question de justice, mais aussi de bon sens.
Les milieux d’affaires brésiliens se sont bien félicité de la redistribution des terres pour avoir créé de nouveaux besoins et donnant des moyens à une vingtaine de millions de Brésiliens. Chavez a emprunté cette voie avec son processus de nationalisations, malgré l’hostilité des milieux d’affaires. Est-ce pour cette raison qu’il faisait peur alors même qu’il ne s’agissait plus d’exporter une quelconque révolution ? Tout juste un besoin de justice. Un monde plus juste.
Mohammed Larbi

http://www.elwatan.com/international/une-question-de-justice-07-03-2013-205813_112.php



L’audace face à la frilosité


Il serait venu à la rescousse de l’économie algérienne, basée à 95% sur les hydrocarbures.

C’est, entre autres, ce que retiendront les Algériens du président vénézuélien, Hugo Chavez, décédé mardi dernier à l’âge de 58 ans des suites d’un cancer. L’ennemi juré des Etats-Unis a, en effet, attiré l’attention de son «ami», le président Bouteflika, sur une énorme «bourde» commise en 2005 et prive, par conséquent, les multinationales, essentiellement américaines, «d’un très grand gâteau» qui leu avait été offert à l’époque.  Des gains énormes à engranger grâce à une loi sur les hydrocarbures, préparée sur mesure et imposée par Chakib Khelil. Un texte avalisé de surcroît par un Parlement, qui n’a de souci que de suivre l’orientation de l’Exécutif et de ne pas émettre d’objection sur les décisions présidentielles, même quand le chef de l’Etat est «induit en erreur». Il a fallu alors un «messie» pour sauver l’intérêt national. Et celui-ci, nous est venu d’Amérique latine, principal bastion de l’anti-impérialisme : Hugo Chavez. 
En visite officielle en Algérie, en mai 2006, l’héritier de Simon Bolivar et d’Ernesto Che Guevara, n’a pas laissé «son idéologie au vestiaire». Heureusement ! Dans ses entretiens avec le président Bouteflika, Hugo Chavez s’est indigné de «l’offrande» faite par l’Algérie aux Américains. «Moi, je suis juste à côté des Etats-Unis et je leur fais la guerre et vous, à des milliers de kilomètres, vous n’osez pas les affronter», avait-t-il affirmé notamment à son homologue. Le chef d’Etat vénézuélien n’avait pas caché son amertume de l’adoption de ladite loi, précisant qu’elle n’apportera rien de positif pour l’Algérie et pour l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP). Selon des observateurs, les remarques d’Hugo Chavez ont mis la puce à l’oreille de Abdelaziz Boutelika qui n’avait pas, visiblement, pris au sérieux les critiques de son autre «amie», Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Il décide d’agir alors prestement par ordonnance. Quelques semaines après la visite de Chavez, le Conseil des ministres a adopté l’ordonnance portant amendement de la loi 05-07 du 28 avril 2005, relative aux hydrocarbures.
Ce texte, avalisé une nouvelle fois par l’APN, intervient pour rectifier les erreurs de la loi Khelil. Et cela à travers «l’élargissement et le renforcement du contrôle, par l’Etat, des ressources en hydrocarbures et leur exploitation rationnelle, tenant compte des aspects de conservation et de préservation de ces ressources au profit des générations futures». Un objectif garanti «à travers une participation systématique et plus importante dans les activités de recherche et d’exploitation des hydrocarbures et dans l’activité de transport par canalisation des hydrocarbures ainsi que dans l’activité de raffinage de l’entreprise nationale Sonatrach (...)».

Abandon de la privatisation d’Algérie Télécom

Selon toujours des sources citées par la presse, Hugo Chavez serait aussi à l’origine de l’abandon par les autorités du processus de privatisation de l’opérateur historique, Algérie Télécom. Pourtant, ce processus était déjà bien avancé. Ayant effectué quatre visites officielles en Algérie (2000, 2001, 2006 et 2009), celui qui menait une guerre ouverte contre les USA avait aussi un projet politique : constituer un nouveau bloc du Sud, cette fois-ci, pour affronter l’Occident. Selon les observateurs, Hugo Chavez souhaitait convaincre Alger d’intégrer l’axe Caracas-Tripoli-Téhéran.
Mais sa proposition n’a pas été acceptée par les autorités algériennes qui refusent d’être au centre de toute stratégie frontale. Et surtout quand celle-ci vise la première puissance mondiale. Hugo Chavez ne s’est pas limité uniquement à cela. Il est également l’un des initiateurs et un fervent défenseur de l’idée de créer une OPEP du gaz, soutenue par l’Algérie. Ce projet, visant à défendre les intérêts des pays producteurs et exportateurs de cette énergie, a été, toutefois, abandonné après plusieurs rencontres.
Au plan des relations bilatérales, malgré l’insignifiance du volume des échanges qui ne dépasse pas quelques dizaines de millions de dollars, les deux pays ont fixé, avec Hugo Chavez, les axes à développer. En premier lieu, il y a les hydrocarbures. Lors de sa dernière visite en Algérie, le président vénézuélien a exprimé l’intérêt de son pays de pouvoir bénéficier de l’expérience de l’Algérie dans ce domaine. «L’Algérie a beaucoup plus d’expérience en matière de gaz et nous pourrons en bénéficier énormément», avait-t-il affirmé. Selon lui, les deux pays peuvent collaborer dans l’industrie pétrochimique et dans la production de gaz naturel liquéfié (GNL).
Madjid Makedhi

http://www.elwatan.com/international/l-audace-face-a-la-frilosite-07-03-2013-205808_112.php





Ligue des champions : la remontée fantastique du Barça face à l'AC Milan



Le FC Barcelone s'est imposé (4-0) face à l'AC Milan et remporte ainsi son billet pour les quarts de finale de la Ligue des Champions, parvenant à effacer grâce à un doublé de Messi et deux autres réalisations de Villa et Alba la défaite 2-0 de l'aller, lors du 8e de finale retour mardi 12 mars au Camp-Nou. Avant le match, Xavi avait fait le constat qu'une remontée fantastique manquait encore à l'histoire de cette équipe. Elle est arrivée mardi sous la forme d'un match épique des Blaugranes, emmenés par un Messi des grands soirs, qui aura au passage rassuré tout le monde sur son état de forme.

Barcelone, qui avait promis de retrouver ses combinaisons chatoyantes après trois semaines de disette marquées par leur défaite à Milan et deux autres revers contre le Real Madrid, a tenu parole. D'entrée de jeu, les hommes de Vilanova et Roura imprimaient une cadence extrêmement élevée, prenant de court des Milanais un rien empruntés. Et les choses ne pouvaient pas mieux commencerpour les locaux : sur la première action des Catalans, Busquets transmettait à Messi qui dédoublait avec Xavi pour que l'Argentin catapulte finalement le ballon dans la lucarne droite d'Abbiati (1-0 ; 5e).
Les Italiens, qui savaient qu'ils ne pouvaient se contenter seulement de subir, tentaient bien de réagir par des contres, mais les tentatives d'El-Shaarawy restaient plutôt inabouties. Les Barcelonais, eux, continuaient d'appuyer sur l'accélérateur, forçant Abbiati à plusieurs parades. Le portier italien détournait ainsi de justesse sur sa barre une superbe frappe d'Iniesta (13e).
Après cette première vague d'assauts sur le but visiteur, les Barcelonais relâchaient toutefois un peu leur étreinte. Sur une longue ouverture de Montolivo depuis sa propre surface, Mascherano manquait sa tête et le jeune Français Niang se voyait tout à coup offrir sur un plateau une possible balle de match pour Milan. Mais la frappe de l'ancien Caennais s'échouait sur le poteau de Valdes (38e). La répartie catalane était cinglante : sur le contre faisant immédiatement suite à l'action lombarde, Iniesta décalait Messi qui effaçait Mexès d'un crochet et arrachait à ce moment la promesse de prolongations (2-0 ; 39e).
Les Milanais allaient même boire le calice jusqu'à la lie puisque après la pause, Messi et les siens continuaient à avancer, sans précipitation, mais en mettant chaque fois plus en difficulté leur adversaire. Après un pressing élevé, Xavi héritait d'un ballon aux 16 mètres et écartait à droite pour Villa. L'Espagnol, vivant jusqu'ici une saison compliquée, renouait alors avec le buteur décisif qu'il est: sa frappe enveloppée du gauche dans le petit filet opposé était alors synonyme de qualification directe pour les quarts de finale (3-0 ; 55e).
Mais le Milan, qui avait reçu le renfort de Robinho et Muntari dès l'heure de jeu, n'était pas mort. Sortant progressivement de leur léthargie, les Italiens jouaient leur va-tout dans le dernier quart d'heure. Les Catalans devaient alors redoubler de vigilance pour éviter le but du KO, Alba sauvant notamment les meubles devant Robinho. Dans les arrêts de jeu, c'est ce même Alba qui portait l'estocade: son but du gauche (4-0 ; 90e+ 2e), à l'issue d'un contre lancé par Messi, faisait sedresser tout le Camp-Nou, heureux de voir les siens encore en vie.

mardi 12 mars 2013

Une association veut voiler 500 fillettes en 2013


                                 
                               

Ouled Yaïch, ses ruelles non goudronnées, ses cités austères et ses quatre mosquées. C’est là que l’association El Daâwa, créée en 1989, se bat pour voiler les fillettes de 10 à 15 ans.

En cinq ans, pas moins de 300 mineures, vivant dans la wilaya de Blida et ses environs, ont suivi le programme initié par des prêcheurs de l’association, portant le foulard et suivant assidûment des cours de Coran.
Cette année, la petite association de Ouled Yaïch espère faire porter le hidjab à 500 fillettes. A cette occasion, les cheikhs de l’association El Daâwa prévoient d’organiser une grande cérémonie avec prêches, gâteaux, psalmodies du Coran et invités prestigieux dont le sulfureux prédicateur wahhabite, Nabil El Awadi. Des cadeaux – foulards et tuniques longues – seront distribués aux jeunes filles voilées.
La visite de ce même prédicateur en Tunisie avait renforcé les clivages au sein de la société tunisienne, dont une partie manifestait contre sa venue et exprimait son courroux de le voir poser devant les caméras et les appareils photos, avec des fillettes de la région de Zarzis, toutes vêtues de hidjab.
En Algérie, peu de voix s’élèvent contre ce qui s’apparente à de la propagande islamiste, ce qui a le don d’exaspérer les représentantes du mouvement féministe. «J’ai trouvé la banalisation de cet acte aussi scandaleuse que l’action de l’association», dénonce Fatma Boufenik, représentante de l’Association femmes algériennes revendiquant leurs droits (FARD), qui souligne que son association a créé une page sur le réseau social facebook contre le projet de l’association El Daâwa. Elle n’a été suivie que par 5 personnes alors que la page «projet chasteté» compte près de 3000 admirateurs. Elle considère que «le terme chasteté pour des fillettes de 10 et 15 ans ne peut être qu’une pensée ’d’une personne perverse’. «Porter le voile lorsqu’une femme est majeure, dit-elle, doit être un choix comme celui de ne pas le porter.» Fatma Boufenik souligne que cette action est non seulement une «violence symbolique» envers des petites filles mais aussi une «discrimination» envers les femmes qui ne portent pas le hidjab.
Les paroles s’envolent, les actes restent. Au siège de l’association El Daâwa, petite bâtisse aux allures de mosquée, des parents, ayant ouï-dire de ce projet lors du prêche du vendredi, se pressent pour inscrire leurs enfants. Un vieil homme, père de deux filles – nées en 2000 et 2002 – explique vouloir les «protéger» d’une société dans laquelle les mœurs se sont fortement dégradés. «Les temps ont changé, nous dit-il, je suis horrifié par ce qui se passe aujourd’hui.» Ses filles ont-elles donné leur accord pour mettre le voile, lui demandons-nous. «Et comment !», répond-il comme une évidence. L’association gère également une crèche baptisée Les Oiseaux du paradis dans laquelle des fillettes récemment voilées s’échinent, chaque samedi, à apprendre le Coran. Sous les arcades de la bâtisse, les écolières, frêles et candides, ont des allures de femmes-enfants. Il ne nous a pas été permis de les approcher. Mais on nous dit qu’elles ont accueilli leur «nouvelle vie» avec beaucoup de «fierté».

«Hidjab is my beauty»

Normal, si l’on tient compte des slogans pleins de guimauve et de bons sentiments distillés par les tracts de l’association, tels que «hidjab is my beauty» ou «ton voile propage la lumière». «Celle qui a grandi avec le voile ne sera jamais tentée par une mauvaise vie, elle sait que le Paradis est plus cher qu’un simple morceau de tissu», est-il écrit.
Les responsables de l’association, offensés par article publié dans un journal arabophone, n’ont pas voulu répondre à nos questions.
Mais ils ne se privent pas de brandir leurs actions, tel un butin, sur internet : l’entrée en islam de deux Ougandaises, 28 filles voilées en 2009 dont la plus jeune – 8 ans – est non-voyante, 33 en 2010, plus de 80 ont «retrouvé la voie de la raison» en 2011 et pas moins de 120 fillettes voilées en 2012. Les représentants d’El Daâwa assurent que les fillettes sont suivies par des psychologues qui jaugent leur volonté et leur détermination à mettre le foulard. Ils publient pourtant, la photo, prise lors d’une précédente cérémonie, d’une fillette atteinte de troubles mentaux qui aurait «insisté» pour mettre le hidjab.
Le projet se limite, pour l’heure, à la wilaya de Blida – «c’est la presse du mensonge et de la honte qui a dit que nous avions élargi notre initiative à d’autres villes», grogne un représentant de l’association – mais une campagne peut en cacher une autre. Dalila Iamarène, sociologue et activiste dans le réseau Wassyla, y voit un projet ayant des enjeux politiques : «Il y a un tel formatage des esprits à travers les medias, les chaînes de télévision, tous ces cheikhs de tous les pays qui lancent des fatwas absurdes dans la presse à sensation, un tel matraquage où l’on rend les femmes responsables de toutes les turpitudes (…). Ce que nous voyons des suites du Printemps arabe, ce qui se passe en Tunisie, en Egypte nous donne un avant-goût des intérêts politiques des pays du Golfe et de leurs pratiques sociales, les mêmes dérives que nous voyons s’installer progressivement dans notre pays.» L’association est soutenue par l’organisation estudiantine UGEL (Union générale des étudiants libres) ainsi que par l’association bénévole pour les orphelins Kafil Yatim. Ensemble, ils assurent aussi le programme «Pour que ton hidjab soit correct» destiné à remettre les étudiantes sur la bonne voie et abandonner ainsi le hidjab «à la mode» pour un voile répondant mieux aux préceptes religieux.
Les cheikhs de l’association tiennent des propos aux accents incantatoires, ponctués de références aux sourates et hadiths, mais apportant, sur le fond, des idées confuses. Ils livrent ainsi sur leur site internet (post du 6 janvier 2013), leur conception de la place de la femme dans la société algérienne : «Beaucoup de personnes croient que pour qu’une femme participe au développement, elle doit travailler et fréquenter des hommes, pour qu’elle ait son identité propre et pour jouer ainsi son rôle dans la société. Cela est faux, car elle peut jouer un grand rôle à partir de sa maison.» Et d’ajouter : « Malgré tous les droits que Dieu a donné à la femme, elle reste insatisfaite car l’Occident lui fait penser qu’elle est soumise, emprisonnée, qu’elle est une femme à plaindre (…). Celle qui passe des heures à se couvrir de peinture ne se sent pas plus libre de montrer son vrai visage.» Fatma Boufenik se montre surprise du fait que «les institutions d’Etat de droit et la justice aient laissé faire». «Les associations féminines, dit-elle, n’ont pas à elles seules la responsabilité de protéger les citoyens et citoyennes. C’est l’Etat qui doit être garant du respect des libertés. Il est certain que la société civile, dans son ensemble, et pas seulement les associations de femmes, doit être vigilante, en veille, dénoncer les dérapages et interpeller le pouvoir en place.»
Tous nos efforts pour joindre des responsables du ministère des Affaires religieuses sont restés vains.
S’il est vrai que le hidjab a permis à certaines femmes d’avoir plus de liberté et de mener une vie active, si beaucoup réfutent la soumission de la femme dans le port du voile, il est à s’interroger sur les conséquences d’une telle action sur des fillettes auxquelles on inculque, à l’âge de l’innocence, qu’elles ne sont qu’un péché et un objet de désir masculin. Comment pourront-elles, un jour, s’imposer dans une société misogyne et aspirer à l’égalité ou à l’émancipation ?

Amel Blidi
http://www.elwatan.com/actualite/une-association-veut-voiler-500-fillettes-en-2013-11-03-2013-206265_109.php


Il cesse de paraitre : Pourquoi DNA (Dernières nouvelles d’Algérie) quitte la scène médiatique


Voilà, l’aventure DNA-Algérie arrive à sa fin. Lancé le 07 juin 2010, le site DNA (Dernières nouvelles d’Algérie) cesse d’exister. A nos lecteurs et à nos lectrices, à nos amis, à nos partenaires et à nos soutiens qui ont accompagné cette aventure journaliste depuis ses débuts, nous vous devons des explications sur cet arrêt.

C’est un paradoxe : DNA s’arrête alors que le site réalise aujourd’hui une moyenne de 500 000 visites par mois. Depuis son lancement en juin 2010, le site a totalisé 8 millions de visites et 20 millions de pages vues. Avec une durée moyenne de temps par visite de 5 minutes et 20 secondes. La page facebook de DNA compte 22 980 fans et note compte twitter est suivi par 9042 followers.
C’est un autre paradoxe : DNA s’arrête alors que le site est reconnu pour son sérieux, pour le professionnalisme de ses journalistes et de ses collaborateurs, pour la fiabilité et la crédibilité de ses informations, de ses enquêtes. Entre juin 2010 et février 2013, nous n’avons pas été destinataire d’un démenti ou d’une mise au point pour les informations que nous avions publiées.
Mais si DNA a été un succès sur le plan journalistique, celui-ci n’a pas été accompagné d’une réussite sur le plan financier. En clair, les recettes publicitaires nous ont fait défaut. Sur ce chapitre, nous devons à nos lecteurs un devoir de franchise.
Depuis le lancement de DNA, seulement trois entreprises, la compagnie aérienne Aigle Azur, l’entreprise de carton ondulé General Emballage et l’opérateur téléphonique Nedjma, nous ont fait confiance en décidant d’établir un partenariat avec DNA. Nous les en remercions.
Les autres annonceurs qui s’affichent dans les médias algériens n’ont pas souhaité nous accompagner dans cette aventure. Bien que nous les ayons contactés et relancés à maintes reprises, ils n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
Certains ont justifié leur refus par la ligne éditoriale, jugée critique et virulente à l’égard du pouvoir algérien. D’autres redoutent que le fisc ou les impôts les accablent s’ils venaient à s’afficher sur DNA, tandis que d’autres nous ont demandé de temporiser en attendant que la situation politique s’éclaircisse dans le pays.
Nous avons pris acte de ces refus polis, parfois gênés, et nous ne tenons rigueur à quiconque. Ce sont les lois du marché et nous les acceptons.
 Mais soyons très clairs : à DNA, nous n’avons ni la vocation ni l’envie de changer de ligne éditoriale pour contenter des annonceurs ou attirer d’autres et nous n’avons pas vocation à faire acte d’allégeance à une quelconque institution ou à une quelconque chapelle pour être dans les bonnes grâces de ceux qui décident de repartir les recettes publicitaires. DNA étant un site d’accès gratuit, n’ayant pas de bailleurs de fonds, pas de général ou de colonel, pas de mécènes sur lesquels nous pouvions nous adosser ou compter, les rentrées publicitaires étaient donc les seules sources de revenus du site.
Et celles-ci n’ont pas été suffisantes pour garantir l’existence, l’indépendance et la pérennité de DNA. Mettre en ligne une information, une enquête, un reportage de qualité nécessite des moyens financiers substantiels. Nous ne les avons pas eus. En toute franchise.
 Alors plutôt que de galvauder le contenu de DNA, de changer sa ligne éditoriale, de «remplir» ou de «meubler» le site avec tout et n’importe quoi, nous avons donc décidé de quitter la scène médiatique. La décision n’a pas été du facile à prendre, certains nous reprochent et nous reprocherons de faire «disparaitre » un média libre et « utile », mais cette décision s’est imposée à nous.
De très nombreux lecteurs et amis se sont proposés de faire des collectes d’argent, de souscrire à des abonnements ou de rendre le site payant pour que DNA continue d’exister. Nous les remercions pour ces marques de sympathie et ces gestes de soutien, mais nous préférons quitter la scène médiatique avec le sentiment d’avoir contribué à l’aventure du journalisme en Algérie.
Il est possible que le titre revienne plus tard avec d’autres dirigeants, une autre rédaction, un autre contenu mais DNA-Algérie tel qu’il a existé depuis juin 2010 a vécu. Ce fut une belle aventure. Merci à toutes et à tous.
Farid Alilat, fondateur et directeur de DNA-Algérie


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Yennayer à Tripoli Par Arezki Metref






Alors là, je suis tombé de haut, vraiment de haut ! La célébration de Yennayer s’est déroulée, cette année à Tripoli, non pas dans la clandestinité la plus totale comme du temps de Kadhafi, mais dans un stade, carrément dans un stade ! Dans aucun pays ça ne se passe comme ça. Pas dans une cave, ni une salle dérobée, ni un terrain vague à l'abri des regards. Non, un stade ! Un vrai ! Pourrait-on imaginer, par exemple, un Yennayer grandeur nature au stade du 5-Juillet à Alger ? Evidemment non, je crains ! Méga-concert, feux d’artifice, houle de drapeaux ! Et parmi les artistes amazighs de plusieurs pays, notre Takfarinas national ! J'en écarquillais les yeux. Ou plutôt j'en ouvrais grand les oreilles car c'est Ramdane Achab qui racontait son voyage. Il rentrait de Libye où il avait été invité dans le cadre d'un forum organisé entre autres par le Congrès mondial amazigh (CMA), désormais présidé par le charismatique Libyen Fethi N'Khalifa, consacré aux droits constitutionnels de la communauté amazighe de Libye. Pied-de-nez à l'histoire, la conférence s'est tenue au Palais du Congrès général national (CGN) à Tripoli, là où précisément Kadhafi s'était réfugié lors des bombardements de l’OTAN, le site étant sécurisé par la présence de journalistes étrangers. Le palais présentait aussi, semble-t-il, l'avantage d'abriter un passage souterrain dissimulé.
Militant berbère de longue date, linguiste, Ramdane Achab avait dans ses bagages des exemplaires de quelques livres dont il est l'éditeur. Le Dictionnaire de berbère libyen (Ghadamès) de Jacques Lanfry dont il a offert un exemplaire au président de l'Assemblée nationale libyenne. Le «Manuel didactico-pédagogique d'initiation à la langue berbère de Kabylie d'Amirouche Chelli, et Langue berbère : initiation à la notation usuelle en caractère latin dont il est lui-même l'auteur. Tripoli ! Au passage, il convient de rappeler que dans le passé, si on appelait tous les Berbères, des Libyens – d'où l'origine de l'adjectif libyque — c'est parce que la tribu amazighe Lebbou a donné ce générique. L'arasement arabe, puis le long et dur règne de Kadhafi et son zèle dans le déni identitaire ont tenté de gommer cette histoire. En vain, si on en juge par l’éclatant succès de cette manifestation. Le forum auquel étaient conviés Ramdane Achab ainsi que de nombreux Amazighs originaires du monde entier, représentants du mouvement associatif, experts, militants, universitaires, artistes, mais aussi des représentants des missions diplomatiques en Libye (ambassadeurs, consuls), et même un représentant de l’ONU, coïncidait avec la célébration de Yennayer. «Ambiance survoltée», raconte Ramdane Achab, «Je n'ai jamais vu ça ! Ça ressemblait à la Kabylie à la puissance 1 000 dans ses plus beaux jours.» Et il continue : «Drapeaux amazighs partout y compris sur les chars, dans les mains des militaires tous amazighs. » Toute la communication autour du forum, affiches, badges, tee-shirts des hôtesses étaient imprimés en trois langues : tamazight en caractères tifinaghs, arabe et anglais. Les officiels libyens, et il y en avait un paquet, se sont engagés à accorder à tamazight le statut de langue officielle. Le président de l'Assemblée nationale, fondateur du Parti du Front national, en charge de la fonction de chef de l’Etat, Mohammed Youssef el-Megaryef, a commencé son allocution par «Azul fellawen, tanemmirt». Il ne prend pas de détour : il appuie la revendication de tamazight reconnue par la Constitution comme langue officielle.
Les autres officiels n'ont pas été en reste. Il y avait là le ministre des Ressources hydrauliques Alhadi Suleiman Hinshir, la vice-ministre de la Culture Awatef Atashani, le ministre de la Justice Salah Bashir Margani, ce dernier représentant le Premier ministre Ali Zeidan. Mais la grande surprise ce fut l'hymne national exécuté d'abord en tamazight, puis en arabe à l'ouverture de la conférence. Ramdane Achab raconte un moment fort : «Vers la fin de la conférence, une vingtaine de représentants politiques (locaux, nationaux, parlementaires) des 11 régions amazighes de Libye se sont présentés pour lire le communiqué final du forum. Une femme, Sanaa Mansouri, l'a fait en tamazight, et un homme ensuite, Tarik El Atoushi, en arabe. Le texte pose cinq conditions concernant tamazight dans la nouvelle Constitution. Ils disent que si ces conditions ne sont pas satisfaites, non seulement ils ne reconnaîtront pas la Constitution, mais ils ne reconnaîtront pas l'Etat lui-même. La lecture de ce communiqué s'est faite en présence des officiels, président de l'Assemblée nationale, etc.» Parmi les conditions posées, une, certainement inattendue : la reconnaissance par la Constitution du rite ibâdite. On voit bien qu'il y a du changement. Et quel changement ! Du chaos libyen, quelque chose est en train de naître. Ou renaître. Le pays plombé dans sa pulsation historique par le bulldozer arabiste de Kadhafi renaît de ses cendres, et promet même d'être l'épicentre d'une renaissance de la reconnaissance berbère. Toutes les personnes qui ont assisté à ce Yennayer à Tripoli en sont revenues persuadées.
Par Arezki Metref

Débat Yannayer : une réponse de Madame Zohra Mahi


"Bonjour Monsieur Metref,
En lisant sur le Soir d'Algérie votre article relatant la fête de Yannayer (que j'ai toujours appelée Naïr depuis ma tendre enfance) à Tripoli, j'ai été quelque peu interloquée. A vous entendre, ce que j'appelle, et que toute ma région de l'Oranie appelait donc NAÏR, était célébré jusque-là dans les caves, en tout cas dans la clandestinité. Vous ne trouvez pas que vous y allez un peu fort ? Vous ne trouvez pas que vous dénaturez la réalité qui est beaucoup plus complexe et ce, sans prendre la peine de vérifier si une pareille affirmation n'est pas contredite par ce qui se passait vraiment dans les autres régions que la sacro-sainte Kabylie ?
Puisque vous n'avez pas pris cette précaution avant de vous fendre de votre brûlot de propagande éhontée, j'ai le regret de vous contredire : cet évènement qui n'a pas la dimension mystique que vous voulez lui coller, était célébré dans les familles avec toute la pompe requise mais sans la coloration politique et idéologique que vous et vos semblables voudrez lui donner. Votre volonté de vous accaparer d'évènements qui appartiennent à tous pour en faire des mots d'ordre dont le but, de plus en plus évident, est de cliver, diviser, disséminer le racisme et la haine, trouvera en face une autre volonté : celle des Arabo-berbères et ils sont nombreux pour vous dire : notre personnalité double et riche vaut bien la vôtre étriquée, égoïste et persuadée de sa supériorité transcendantale. Tant que vous œuvrerez pour la division, vous vous condamnez à rester une minorité sans pouvoir malgré vos rassemblements «de matchs de foot», manifestation de votre jalousie endémique. Une arabo-berbère et fière de l'être, descendante d'un Arabe et d'une arabo-zénète, mère de trois enfants judéo- arabo-zénètes par leur père.

Zohra Mahi, avocate et écrivaine

Débat Yannayer : l'avis de Hend Sadi

La guerre de deux mille ans n’est pas finie
"L’Algérie n’est pas berbère mais amazighe car elle est arabe », cette formule tourmentée de Mahmoudi renvoie forcément à celle, similaire, de l’ancien premier ministre Belaïd Abdeslam qui s’était dit en son temps «Arabe parce que Kabyle». Cette violence faite à la sémantique révèle, on ne peut mieux, le malaise identitaire qui persiste en Algérie malgré 50 ans d’une arabisation forcenée dont on n’a pas fini d’évaluer les dégâts. Le trauma identitaire se décline diversement selon le profil de chacun, mais des tendances lourdes, héritage des controverses qui ont secoué le mouvement national, dominent et structurent le discours autour de cette question. Au vu du rapport à l’amazighité, perçue par beaucoup comme une pathologie, un «mal» écrivait Le Jeune Musulman d’Ahmed Taleb, on pourrait opérer une classification des positions et aboutir à une typologie. 
Je m’arrêterai ici sur un texte qui me paraît refléter un courant représentatif : la lettre de Zohra Mahi, « avocate et écrivain » qui a réagi à la chronique d’Arezki Métref du 3 février 2012 consacrée à la célébration de Yennayer à Tripoli. C’est à elle que je m’adresserai à présent : 
Lalla Mahi, azul,
L’intolérance dont vous faites montre, Madame, à l’égard de l’amazighité est si ancrée dans votre mentalité que vous l’extériorisez avec un naturel confondant. Parce qu’il est porté par les institutions et qu’il est répandu dans l’opinion, votre sectarisme vous semble politiquement légitime. Sa remise en cause est de l’ordre du scandale à vos yeux. 
Commençons par le procédé que vous utilisez dans votre argumentation et qui révèle la contradiction de votre position. Sur l’identité nationale, vous adoptez le point de vue arabo-islamiste, officiel et hégémonique ; mais, pour le défendre, vous prenez une posture victimaire et vous évitez ainsi d’avoir à assumer l’imposture qui le fonde. Conséquence logique de votre démarche, vous attribuez à la chronique de Métref la vindicte de vos propos. 
Qu’Arezki Métref écrive «Yennayer» pour ce que vous, vous appelez «Nnaïr» et fêtez depuis votre «plus tendre enfance», suffit à vous faire sortir de vos gonds. Qu’il rapporte la célébration de ce nouvel an à Tripoli — à Tripoli, Madame —, vous voilà agressée jusque dans votre province natale : pire, vous êtes assiégée. Qu’il voie un signe de libération dans cette manifestation qui a eu pour cadre le palais où s’était retranché l’ancien dictateur libyen, vous voilà prête à partir en guerre, à vous dresser contre lui et ses « semblables » qui veulent «cliver, diviser, disséminer le racisme et la haine». Rien que ça
Que recouvre donc ce «vous» que vous fustigez dans votre lettre ? Métref et ses divisions de lecteurs ? Les Kabyles de la «sacro-sainte Kabylie» et, au-delà, tous ceux qui, de la Libye au Maroc, fêtent un peu trop bruyamment à votre goût Yennayer ? Ou bien encore, plus largement et, plus vraisemblablement aussi, tous les habitants de ce sous-continent qui veulent vivre pleinement leur amazighité dans la cité ? Car pour vous la seule affirmation du fait amazigh vaut agression. A l’inverse, sa négation, son «oubli » n’a rien de choquant, il relève du quotidien qui sied à une identité dhimmie. 
Au fond, c’est contre ces derniers que vous voulez lever une armée d’Arabo-berbères, nombreuse et résolue à en découdre, affirmez-vous. Car vous vous dites, Madame, Arabo-berbère (judéo-zénète, …) et vous vous revendiquez d’une identité double que vous opposez à celle, « étriquée », de ceux que vous combattez. 
Pourtant, cette berbérité, même diluée dans la diversité, vous ne la revendiquez pas toujours, vous l’oubliez souvent si je m’en tiens à ce que j’ai pu lire de vous sur la toile. Sur tel site islamiste vous vous affirmez «arabe et musulmane» et quand vous tenez à enrichir votre personnalité en y ajoutant un attribut, il est d’ordre politique : «de gauche», précisez-vous. D’amazigh ou de berbère, nulle trace. Pourquoi donc l’invoquez-vous cette fois-ci ? Pourquoi est-ce que, à l’instar de bien d’autres personnalités algériennes, la seule fois où vous mettez en avant votre berbérité, c’est afin de légitimer vos attaques contre les militants qui se battent pour la survie de la langue et la culture amazighes que vous voudriez voir chassées de l’espace politique et idéologique ? 
Vous écrivez que Métref s’est «fendu d’un brûlot de propagande éhontée» en présentant comme exceptionnelle cette célébration de Yennayer à Tripoli. Alors qu’il parlait de la Libye, vous transposez son propos à l’Algérie pour affirmer que l’identité berbère y est vécue avec sérénité et vous lui prêtez la volonté d’idéologiser et de colorer politiquement ce qui n’a pas lieu d’être.
Sur la Libye, je pourrais témoigner, pour les avoir rencontrés alors, du calvaire vécu à l’époque de Kadhafi par les Amazighs libyens. Cependant, je n’irai pas dans cette direction et vous suivrai pour parler de l’Algérie, pays où vivre son identité amazighe serait un long fleuve tranquille à vous en croire.
Sans remonter à l’antiquité et pour citer un événement notoire, rappelez-vous que ce qu’on appelle le «Printemps berbère» a eu pour point de départ l’interdiction par les autorités d’une conférence. Eh bien oui ! Il a été interdit en Algérie de faire une conférence sur … la « poésie kabyle ancienne » en 1980. Peut-être l’avez-vous oublié, mais il y eut alors plus de deux mille arrestations, des tortures et le renvoi de citoyens, parmi lesquels des mineurs, devant la Cour de Sûreté de l’Etat. Faut-il rappeler les tombereaux d’injures déversés à cette occasion par la presse gouvernementale sur Mouloud Mammeri qui devait tenir cette conférence ? Faut-il ajouter que les mêmes injures émanant des mêmes sources n’ont pas épargné Kateb Yacine lorsqu’il a « osé » se définir comme amazigh en précisant qu’il « n’était ni arabe ni musulman ». C’était en 1985.
Souvenez-vous aussi qu’en 1994, durant un an, les enfants de toute la Kabylie ont boycotté l’école pour qu’ils aient seulement le droit d’apprendre à lire et écrire leur langue, qui est aussi celle de leurs ancêtres depuis toujours et également celle des vôtres ? Mais que cela n’a pas suffi à faire simplement admettre le caractère national de la langue amazighe au pays de Jugurtha, statut réservé à la seule langue venue des provinces d’Arabie.
Qu’il a fallu pour que tamazight acquière formellement le statut de langue nationale le sang de plus de cent jeunes tués à balles réelles par les forces de l’ordre auxquels il convient d’ajouter je ne sais combien d’autres jeunes mutilés, handicapés à vie ? C’était en 2001. Et lorsque tardivement le Chef de l’Etat daigna s’exprimer sur cette tragédie dans un discours où l’on attendait au minimum des excuses qui ne sont pas venues et des condoléances qui n’ont pas été présentées, il prononça son allocution dans une langue étrangère à toutes les mères de ces victimes. Aucune, je dis bien aucune, mère algérienne dont on avait assassiné le fils n’a pu comprendre un traître mot du discours présidentiel parfaitement audible et compréhensible aux habitants du Hidjaz dont je ne suis pas sûr qu’ils partageaient le deuil des familles kabyles.
Savez-vous, Madame, qu’en dépit de ce tribut payé, à ce jour, des chefs d’établissements publics refusent encore d’organiser les cours de tamazight prévus par la loi sans que ce blocage les expose à la moindre sanction.
Pour voir combien les sacrifices consentis pour la cause nationale par les amzighophones n’ont pas été payés de retour, il suffit de rappeler l’hystérique «Nous sommes Arabes ! Nous sommes Arabes ! Nous sommes Arabes !» de Ben Bella en 1962 à Tunis ou bien le «Jamais tamazight ne deviendra langue officielle» de son actuel successeur.
Et pourquoi d’ailleurs la langue tamazight ne serait-elle jamais langue officielle en Algérie ? Parce que cette terre est sienne depuis des temps immémoriaux, qu’elle y est née, parce qu’elle ne vient d’aucune contrée étrangère, du continent asiatique, par exemple, d’Arabie pour être plus précis ?
Faut-il rappeler que Messali, aujourd’hui réhabilité, fit démarrer l’histoire d’Algérie au 7ème siècle pour censurer l’antiquité amazighe ? Que les Oulémas, frileux sur la question de l’indépendance, écrivaient dans Al Baçaïr que les «Kabyles ne deviendront pleinement Algériens que le jour où ils cesseront de parler cette langue qui nous écorche les oreilles» ? Contre l’amazighité, la liste des crimes, des assassinats, des répressions, des tortures et des mensonges est longue. Quant à vous, Madame, votre intransigeante vigilance vous conduit à déceler l’intolérance dans le mouvement amazigh, à y voir un danger puisque, selon vous, il diffuserait «la haine».
Même si vous voulez l’oublier, Madame, l’actualité se charge de vous le rappeler : nous vivons encore aujourd’hui un terrorisme endémique dont le bilan en vies humaines s’élève à des centaines de milliers de morts. Puis-je vous faire observer que cet état de guerre larvée, cette violence meurtrière qui n’a rien de fictif ne doit rien à l’amazighité mais tout à l’arabo-islamisme ?
Je n’ose imaginer votre réaction si les assassins s’étaient revendiqués d’une plate-forme qui, de près ou de loin, directement ou indirectement, explicitement ou implicitement, avait un quelconque rapport avec l’amazighité. Je parierais cependant que si vous étiez invitée à vous prononcer sur ces violences meurtrières, vous ne vous risqueriez pas à jeter le bébé avec l’eau du bain comme vous le faites pour l’amazighité. Vous reprendriez bien sagement la même antienne partout serinée pour expliquer que ces comportements sont étrangers au véritable islam. Pourtant les assassins, eux, se réfèrent au vrai Coran et jamais la moindre erreur n’a été signalée dans les versets qu’ils citent dans un arabe pur Hidjaz, tété à l’école algérienne.
Pourquoi donc ce déséquilibre ? Qu’est ce qui distingue ces deux traitements : celui complaisant avec l’arabo-islamisme d’un côté et, de l’autre, celui sectaire et hostile à l’égard de l’amazighité ? La réponse est simple : la frontière qui les sépare est celle qui passe entre le monde des oppresseurs et le monde des opprimés.
Vous refusez, Madame, de voir une réalité élémentaire. Ce qui est en cause, c’est d’un côté la survie de la langue amazighe que l’Unesco a recensée parmi les langues menacées d’extinction, c’est son éradication d’Afrique du Nord, autrefois appelée Berbérie, au profit de l’arabe. Et, de l’autre côté, l’expansion, l’hégémonie totale de l’arabe sur les territoires conquis au détriment de langues indigènes ou autochtones, c’est selon. Quelle menace pèse aujourd’hui sur l’arabe, sixième langue parlée dans le monde (toutes variantes confondues) ? Ce n’est pas sa survie qui est en jeu au pays des Amazighs mais bien celle de langue amazighe.
Aussi, vos appels «au secours», vos cris d’indignation me rappellent ce passage d’une lettre adressée à Albert Camus où Mouloud Feraoun illustra son propos par une légende qui mettait en scène deux protagonistes opposés dans un combat sans merci. Le paradoxe dans l’histoire était que l’appel au secours venait de l’agresseur qui avait terrassé son adversaire et le tenait à la gorge. Le vainqueur criait sa peur de voir son ennemi … finir par se relever ! Pardonnez-moi si je vous offense avec ce parallèle, mais il me semble bien que votre aliénation identitaire est telle qu’elle vous fait adopter une attitude similaire à celle du personnage de la légende. Vous rejoignez par votre comportement ce magnat, milliardaire saoudien, actionnaire à Microsoft qui n’utilise pas sa fortune pour développer la langue arabe, ce qui serait légitime, mais use de son poids financier pour interdire l’accès de la langue amazighe à Windows 8.
Pour conclure, je voudrais vous livrer deux points de vue, et d’abord cette réflexion sur l’identité algérienne que je vous invite à lire avec un esprit aussi ouvert et apaisé que celui de l’auteur :
«Une bonne partie de nos problèmes sera résolue si une réponse avec des mots simples est donnée à la question : qui sommes-nous ? Qui sont les Algériens d'aujourd'hui ? Déclarer tamazight langue nationale est un pas important dans notre quête identitaire. Mais ce pas restera insuffisant. Les Algériens, tous les Algériens, arabophones et amazighophones, doivent savoir qu'ils ont les mêmes ancêtres et que c'est l'Histoire de leur pays qui les a linguistiquement séparés. C'est un impératif vital : il nous faut reconnaître que dans le triptyque amazighité, islam et arabité qui fait l'Algérien aujourd'hui, le socle est notre amazighité. L'islam et l'arabité sont venus plus tard. Il n'y a aucun blasphème à le reconnaître. Notre Histoire ne commence pas avec l'islamisation du Maghreb. Notre histoire est bien plus ancienne et il n'y a pas lieu d'en avoir honte, bien au contraire. L'Algérie est un des berceaux de l'humanité. […] Ces ancêtres-là étaient des Amazighs et déclarer qu'ils se sont transformés en Arabes est tout aussi grossier et mensonger que l'était le fameux ''nos ancêtres, les Gaulois.''» 
La seconde citation que je vous soumets nous ramène à Yennayer et à sa place en Algérie :
«Le jour de Yennayer, l’Algérie, pour la première fois dans les trois-cent soixante-cinq jours de l’année, se trouve devant son vrai miroir, face à elle-même. »
L’auteur de cette phrase poursuit par cette remarque :
"Étrange paradoxe, le jour de Yennayer, cette fête de tous les Algériens, est gommé et Achoura fête étrangère est célébrée en officielle. 
Je ne sais si après la lecture de ces lignes vous voudrez recruter les deux Algériens qui les ont écrites dans l’armée d’Arabo-Berbères que vous voulez lever en masse ou si vous les rangerez dans ceux auxquels vous comptez livrer la guerre. Ce sera pour vous un vrai dilemme. Car ils ne sont pas issus de la «sacro-sainte Kabylie», mais oranais comme vous. Il s’appelle, pour le premier, Dahri Hamdaoui, professeur de lettres et natif de Saïda, qui affirme dans le même texte cité en premier : «Je ne parle ni chaoui, ni kabyle, ni mzabi, ni semghoumi, ni targui, hélas ! Je parle algérien et je revendique mon amazighité, socle de mon algérianité. Et j'en suis fier.» Quant au second, celui qui a évoqué Yennayer, il s’agit de l’écrivain Amin Zaoui.
En dépit de mon ton souvent rugueux, je vous prie de croire, Madame, à mes sentiments pacifiques et vous invite à ne voir dans ma réponse qu’un appel fraternel à vous réconcilier avec votre identité. N’ayez pas peur de cette amazighité qui est en vous.
Hend Sadi
Professeur de mathématiques